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Café de Marcelin Albert
CIRDÒC-Mediatèca occitana

 

Autres appellations : 

Local du Comité de défense viticole d'Argeliers. 


Localisation :

Allée Marcelin-Albert / Avenue des 87, 
11020 Argeliers, 
Languedoc-Roussillon, 
France. 


Historique du monument :

Demeure du couple Albert à partir de 1873, l'édifice abrita également le débit de café des époux. Également propriétaire de parcelles viticoles, investi dans la défense de ce secteur alors en crise, Marcelin Albert accueille dans son commerce dès 1903 de fréquentes réunions de viticulteurs. Le 11 mars 1907, c'est ainsi aux portes de l'établissement, sur la promenade du village d'Argeliers, que se réunissent les 87 personnalités répondant à l'appel de Marcelin Albert afin d'entamer une marche vers Narbonne pour rencontre la commission d'enquête parlementaire déléguée à la question viticole. Celle-ci sillonne le pays à la rencontre des propriétaires de domaine en réponse à une grogne croissante de ce secteur.
 

Aux lendemains de cet événement clé de la Révolte des vignerons de 1907, les participants installent dans la dépendance du café de Marcelin Albert, le Comité de défense viticole, organe qui leur permettra de poursuivre l'action entamée au cours de la journée du 11 mars. «  C'est chez moi, dans une salle du rez-de-chaussée modestement meublée de quelques chaises, d'une grande table, d'un buffet pour les archives, que fut installé le bureau de défense viticole. C'est le berceau où naquit le formidable mouvement d'opinion que l'on sait » (Mémoires de Marcelin Albert, édition de 1911. P.14). Le lieu devient un point de ralliement pour les acteurs du mouvement. De nombreuses cartes postales et photographies de l'époque présentent d'ailleurs Marcelin Albert devant son café, voire sur l'avant-toit de celui-ci, haranguant la foule. C'est là également, que furent rédigés du 21 avril au 15 septembre 1907, les numéros de leur bulletin hebdomadaire, Le Tocsin.

Aujourd'hui fermé, le site est ponctuellement rouvert par l'association Café Marcelin Albert, qui depuis le 16 juillet 2014, propose conférences et événements autour de l'histoire de son illustre propriétaire et de la culture languedocienne.

 

Datation du monument :

Inconnue

Personnes et organisations associées à l'histoire du monument :

Albert, Marcelin (1851-1921)

1907 (Révolte des vignerons) 

La Révolte des vignerons de 1907
Endetté par la crise du phylloxéra, champignon microscopique attaquant les ceps de vigne, et ses effets (surproduction et vins trafiqués), le secteur viticole en France est en grave difficulté au début du XXe siècle. Cette situation touche tout particulièrement le Midi où près de 50% des terres agricoles sont consacrées à la vigne, et dont la production est principalement dédiée à des vins de consommation courante, secteur particulièrement atteint par la mévente. Le mécontentement croît donc chez les viticulteurs du Languedoc et du Roussillon, atteignant son acmé au cours de l'année 1907. S'amorce dès lors un mouvement de révolte dans cette population, qui va trouver dans le Comité de défense viticole d'Argeliers, et en Marcelin Albert, des portes-paroles à leurs revendications.

Marcelin Albert, l'apôtre des gueux

Né le 19 mars 1851 dans le vieil Argeliers, Marcelin Albert cafetier de son état mais également propriétaire de vignes, se distingue dès le 11 mars 1907 par ses talents d'orateur et son charisme, façonnés par une instruction de qualité pour son époque, six mois passés au Conservatoire de Paris, et un engagement politique local précoce. Il devient rapidement la figure emblématique du mouvement, étant d'ailleurs le principal artisan de sa propre légende. Il est élu président du Comité de défense viticole au lendemain de la marche du 11 mars vers Narbonne. Toutefois, trois mois seulement après son élection, son image souffre d'un profond discrédit. Échappant au mouvement d'arrestation de ses condisciples du Comité d'Argeliers du 19 juin, Marcelin Albert se rend à Paris à la rencontre de Clémenceau, espérant par cette action, donner un élan nouveau et une réponse à la grogne viticole. L'entrevue est un échec pour l'apôtre des Gueux qui en sort déconsidéré. Incarcéré à Montpellier, il est relâché dès le 4 août, mais n'occupera plus désormais la place centrale qui était la sienne dans le mouvement. Il reprend alors son activité à Argeliers. Il décède dans son village natal le 12 décembre 1921.

 

 

Caractéristiques et matériaux de construction :

Une plaque commémorative, placée sur le mur de la bâtisse, rappelle le caractère historique du lieux "Ici en 1907 fut constitué le Comité de Défense Viticole d'Argeliers dont Marcelin Albert fut le promoteur". Placée sur la promenade d'Argeliers, il s'agit d'une demeure d'un étage et qui présente une dépendance. L'endroit est présenté par Augustin Castéran, en préface des « Mémoires de Marcelin Albert » (Éditions Christian Salès, 2011) : « Nous atteignons les premières maisons du village. -Voyez, là au bout de la « Promenade », c'est ma demeure, nous dit Marcelin. [...] Les deux grandes salles du rez-de-chaussée sont encombrées d'affiches, de brochures, de numéros du Tocsin, la Gazette officielle du comité d'initiative dont le siège est attenant à l'immeuble.

Sur la façade extérieure se détache encore cette inscription : « Défense viticole. Comité d'Initiative. Bureau » ».(op.cit.p.VIII). À l'époque, cette mention était peinte sur le mur du rez-de-chaussé, comme en témoignent les photos et cartes postales de l'époque. Depuis effacée, elle est rappelée aujourd'hui par une plaque commémorative placée sur ce même mur.

Une dernière plaque, sur la façade du café lui-même cette fois, fut apposée en 2007, à l'occasion des commémorations du centenaire de la révolte des vignerons du Midi. Le café de Marcelin Albert, demeure en effet un lieu de mémoire pour la commune. C'est depuis sa terrasse qu'aux alentours du 15 août chaque année, s'organise l'Enquant des Vins de Marcelin, événement promotionnel des vins de la région placé sous la protection du meneur de 1907.