Après Gacha Empega et ses polyphonies provençales, Dupain et son electro rock occitan, Forabandit le trio acoustique occitano-turc-marseillais, Sam Karpienia invente avec Manu Reymond et Thomas Lippens une nouvelle épopée provençale, De la Crau.
Le groupe travaille depuis 4 ans à un répertoire ancré dans la réalité d’une géographie provençale située entre Marseille, le pourtour de l’étang de Berre et la plaine industrialisée de la Crau, terre rocailleuse au charme rude et trapu.
De la Crau défolklorise le provençal pour lui donner sa place dans le courant de la Sono Mondiale, courant musical fait d’hybridations entre local et global.
De l’enfer industriel de Fos-sur-Mer à la rive arlésienne du Rhône, la Crau -dernière steppe d’Europe occidentale- fait le lit du réel. Des amas de rocaille, cette ancienne mer abandonnée en a roulé et en roule encore dans la furie du vent, et une voiture qui traverserait de part en part ce petit désert filerait droit sur des dizaines de kilomètres, dans des paysages qu’un Hopper ou un Walker Evans auraient rendu américains sans effort.
C’est sur les fonds de cette mer bordée d’usines, assoupie dans la sobriété de son déploiement immense, que les trois musiciens de De La Crau ont imaginé la bande-son de leur périple. Ils sont partis d’un chant qui éventre les cieux, auquel répondent en puissance et en poésie la contrebasse, les percussions et le déchaînement extatique de la mandole. C’est dans cette étendue post-industrielle que Lou Reed croise enfin Matar Muhammad, et c’est seulement là qu’on imagine leur rencontre, sous la plume d’un Sam Karpienia inspiré comme jamais, emmené à son apogée par l’archet sombre et vigoureux de Manu Reymond et les fûts méditerranéens de Thomas Lippens. Ils explorent à présent un sillon creusé il y a vingt ans non loin des usines, comme une plaie qu’ils continueraient de soigner pour l’éternité, et que le chant et la mandole ne parviendraient à apaiser que dans l’amplitude âpre de ces horizons.
De La Crau est un groupe marseillais aux influences Rock, Folk, Punk, mâtiné de poésie moderne. Un univers sobre, à la puissance contenue, des mélodies traversées de poésies aux mille visages. Sam Karpienia chante un provençal rugueux et hors-sol distordu par des riffs en boucle de guitares électriques. Thomas Lippens martèle la transe à coups de percussions et de bois ferraillés. Manu Reymond à la contrebasse fait grincer et mordre son archet dans des séquences rythmiques syncopées amenant à l’extase.
Le trio nous emmène dans sa transe poétique post-rock… Musique ainsi nommée puisque qualificatif et genre, il faut apposer. Mais De La Crau est du genre inclassable : c’est une vague d’émotions entre rage et passion, un souffle musical rauque qui vous transporte là où vous n’auriez même pas imaginer vagabonder.
Le groupe a sorti son premier disque,
Temperi, le 19 février 2021.
Lien vers le bandcamp du groupe :
aquí !