Ce vidéoguide d'animation s'attache à l'étude de cette période charnière pour les langues de France, que constitua la Révolution française (1789-1799).
Il a été réalisé en 2023 dans la continuité de la collection e-Anem, grâce au partenariat noué entre le CIRDOC - Institut occitan de cultura et l'Université Toulouse Jean-Jaurès.
Version occitane sous-titrée en français.
Traduction française
Lorsqu’éclate la Révolution française, ses partisans sont confrontés à un dilemme : leur objectif est de répandre le message révolutionnaire dans le peuple afin d’obtenir son soutien. Or, seule une petite partie de la population connaît le français, le reste parle sa langue régionale.
Dans un premier temps, les révolutionnaires conçoivent le projet de traduire les décrets révolutionnaires dans les langues de France. L’entreprise est colossale, et donne lieu à 96 volumes de traductions.
Elle se heurte par ailleurs rapidement à différents obstacles : économiques, techniques et surtout idéologiques. Certains révolutionnaires prônent en effet une approche radicalement différente. Dès 1790, le Provençal Mirabeau déclarait « Il est temps de parler françois dans les lois françoises, et d'ensevelir ce style gothique sous les débris de la féodalité » tandis que l’abbé Grégoire lançait une vaste enquête sur les « moyens d’anéantir les patois ».
La politique de traduction est finalement abandonnée alors que l'hostilité face aux langues régionales s'impose durant la Terreur. Le député Bertrand Barère tient un violent discours dans lequel il associe les langues de France aux fanatiques contre-révolutionnaires et à la barbarie. Il est relayé par l’abbé Grégoire qui préconise d’éliminer les parlers locaux au profit du français, qui devra seul être enseigné dans les écoles de la République.
Ce climat où se mêle hostilité déclarée et prise en compte pragmatique de la réalité de terrain n’a cependant pas empêché l'usage des langues locales dans les écrits de propagande, révolutionnaires comme contre-révolutionnaires. À Toulouse, le père Sermet, ardent défenseur de la Révolution, dispose ainsi d’une notoriété considérable.
Au final cependant, la Révolution voit le triomphe d’une ligne dure qui érige le français en seule langue de la liberté et du progrès, renvoyant les langues régionales au passé et à une société rétrograde. Un clivage idéologique en forme d’opposition binaire qui traverse les siècles et pèse encore de nos jours dans le paysage politique français.
Ce vidéoguide d'animation s'attache à l'étude de cette période charnière pour les langues de France, que constitua la Révolution française (1789-1799).
Il a été réalisé en 2023 dans la continuité de la collection e-Anem, grâce au partenariat noué entre le CIRDOC - Institut occitan de cultura et l'Université Toulouse Jean-Jaurès.
Version occitane sous-titrée en français.
Traduction française
Lorsqu’éclate la Révolution française, ses partisans sont confrontés à un dilemme : leur objectif est de répandre le message révolutionnaire dans le peuple afin d’obtenir son soutien. Or, seule une petite partie de la population connaît le français, le reste parle sa langue régionale.
Dans un premier temps, les révolutionnaires conçoivent le projet de traduire les décrets révolutionnaires dans les langues de France. L’entreprise est colossale, et donne lieu à 96 volumes de traductions.
Elle se heurte par ailleurs rapidement à différents obstacles : économiques, techniques et surtout idéologiques. Certains révolutionnaires prônent en effet une approche radicalement différente. Dès 1790, le Provençal Mirabeau déclarait « Il est temps de parler françois dans les lois françoises, et d'ensevelir ce style gothique sous les débris de la féodalité » tandis que l’abbé Grégoire lançait une vaste enquête sur les « moyens d’anéantir les patois ».
La politique de traduction est finalement abandonnée alors que l'hostilité face aux langues régionales s'impose durant la Terreur. Le député Bertrand Barère tient un violent discours dans lequel il associe les langues de France aux fanatiques contre-révolutionnaires et à la barbarie. Il est relayé par l’abbé Grégoire qui préconise d’éliminer les parlers locaux au profit du français, qui devra seul être enseigné dans les écoles de la République.
Ce climat où se mêle hostilité déclarée et prise en compte pragmatique de la réalité de terrain n’a cependant pas empêché l'usage des langues locales dans les écrits de propagande, révolutionnaires comme contre-révolutionnaires. À Toulouse, le père Sermet, ardent défenseur de la Révolution, dispose ainsi d’une notoriété considérable.
Au final cependant, la Révolution voit le triomphe d’une ligne dure qui érige le français en seule langue de la liberté et du progrès, renvoyant les langues régionales au passé et à une société rétrograde. Un clivage idéologique en forme d’opposition binaire qui traverse les siècles et pèse encore de nos jours dans le paysage politique français.
Mémoire de Master I mention Linguistique et dialectologie soutenu par Nicolas Biolay à l'Université Jean Moulin Lyon III sous la direction de Francis MANZANO en 2015.
Depuis sa création en 1992, la Charte Européenne des Langues Régionales a pour objectif de « Sauvegarder et promouvoir la richesse et la diversité du patrimoine culturel de l’Europe »1. Cette décision de la communauté européenne de vouloir préserver ses richesses immatérielles, et dans ce cas précis en matière de langue, découle d’une histoire tourmentée en Europe tant au niveau linguistique que historique. Les deux langues dont il est question dans ce mémoire, le catalan et l’occitan ou langue d’oc, sont deux langues néolatines qui partagent une histoire commune avec le français, l’espagnol, l’italien, le portugais et le roumain. Cependant, leurs destins divergent, dans le sens où elles ne sont pas des langues officielles d’états nations tels que peuvent l’être l’espagnol et le français. Cela implique des différences d’usages, de stabilité du système linguistique et même de perception.
Le catalan et l’occitan présentent des caractéristiques qui les rapprochent, sur le triple plan morphosyntaxique, phonologique et lexical, et elles ont évolué ensemble pendant des siècles. Aujourd’hui, l’une est parlée et revendiquée par un peuple qui tente de construire sa propre nation, tandis que la seconde souffre de sa propre image, bien qu’améliorée par l’action des militants qui la défendent, et surtout d’une reconnaissance moindre de la part du gouvernement central.
Dans une dynamique européenne, mais surtout face à un monde de plus en plus globalisé et polarisé, les langues catalane et occitane auraient tout intérêt à défendre leurs intérêts communs et à unir leurs forces, comme elles ont pu le faire dans le passé. La question que nous nous poserons dans ce mémoire est celle de la dynamique qui anime ces communautés linguistiques et « l’instinct de survie » dont elles font preuve. Leurs origines et histoire si étroitement liées sont-elles suffisantes pour tisser des liens socio-économiques et culturels de premier plan? La volonté des « ethnies linguistiques » dont parle Pierre Bec2 a-t-elle ou auratelle raison de la menace de la pensée unique critiquée par Claude Hagège ?
Il sera intéressant et inévitable de constater quelles sont les inégalités et ressemblances qui caractérisent ces deux espaces linguistiques à la lumière de leur développement respectif à travers l’histoire, ainsi que de voir quelles sont les caractéristiques propres à ces deux langues.
[Introduction de Nicolas Biolay, p. 3]