Auteur | Clément, Anne. Auteur, interprète Benichou, Julien. Compositeur Gaspa, Marie. Interprète Capron, Michel. Interprète Hébrard, Jean. Interprète | |
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Editeur | Cie Gargamela CIRDÒC-Mediatèca occitana | |
Date d'édition | 2009 | |
Sujet | Feuilletons radiophoniques | |
Période évoquée | 20.. | |
Type de document | Sound document sonore | |
Langue | oci | |
Format | audio/mpeg son dématérialisé | |
Extent | 00:08:02 | |
Droits | © CIRDOC © Cie Gargamèla | |
Réutilisation | Creative commons = BY - NC - ND | |
Permalien | http://www.occitanica.eu/omeka/items/show/369 | |
Mise à jour de la notice | 2017-06-17 Marion Ficat | |
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Texte de l'épisode 1 :
Je ne veux pas pleurer : aujourd'hui l'oncle Vincent s'en est allé. Ça toujours été un type un peu maladroit mais qui n'oubliait jamais le sourire et la convivialité avec ceux qu'il aimait : pour sûr, ce n'était pas un troubadour. Mais je vais vous le dire, des poètes, il n'y en a guère au village : Ah ! Si ! Le père Bertrand , au Café du Printemps, quand il a englouti trois ou quatre pastis, il se souvient du temps où sa grand-mère chantait et lui racontait des histoires : alors le ciel change de couleur et ses yeux s'emplissent de larmes qui coulent sur sa peau cuite au soleil, rouge de tous les coups bus entre kes souches de sa vigne.
Je me présente : je suis Jeanne Belcaire, la vieille fille du quartier, soixante ans, grande pour une femme du midi (1m67) ni maigre ni grosse, les yeux bleus trop gros pour être jolis, le menton pointu, les cheveux blonds pour cacher la blancheur de l'âge, la bouche grande et fine, la peau blanche et rouge. Certians disent que dans ma jeunesse j'étais une belle plante : mais personne ne me plaisait. Et quand je me promène dans les rues, ça me fait plaisir de revoir les vieux amours de ma jeunesse.
Il y a des jours où je vois encore s'éclairer la flamme de "l'amour de loin" dans leur : "Bonjour Jeanne, comment vas-tu ? Toujours raide et l'échine droite comme une jeunesse !". ce matin, la chanson a changé quand je rencontre dans la Rue Haute René - qui était si beaux et un de ceux que j'aimais tant dans mes vingt ans. Mais sans rien me dire il avait fait un enfant à la Rosette et avait été forcé de se marier avec elle. Aujourd'hui il est à la retraite : il était employé de Mairie.
- "Eh bien, ton oncle nous a laissé, il est parti boire un coup auprès du Bon Dieu. Hélàs, Vincent n'était pas un grand homme mais c'était un homme qui avait toujours travaillé et sué pour épargner. Qui sont les héritiers ? Il n'avait pas d'enfants et tu es sa plus proche parente. Tu vas devenir un parti intéressant : peut-être que tu trouveras enfin un mari. Ce ne sera pas trop tôt !
C'est vrai que l'oncle Vincent m'a laissé tout ce qu'il avait : c'est à dire une maison, ses vignes -20 hectares- et son compte en banque. Mais il faudra attendre un peu avant de savoir combien j'aurai d'argent. Je commence à rêver : dans mon souvenir, il y a un homme, Rémy que je n'ai jamais pu oublier : tous les mois de Janvier pour le jour de l'an il m'envoie une lettre de Baltimore dans le Maryland, aux États-Unis. Il était marié avec une américaine qui est morte aujourd'hui. Il était professeur de langue romane à l'université et comme dans ce pays ils travaillent tard, il doit toujours enseigner. Il est temps de vivre maintenant, temps de voyager : j'ai été empoyée de La Poste toute ma vie, je n'ai jamais eu d'enfants. La raison raisonnable et mes chats que je n'ai jamais voulu abandonner m'ont empêchée de vivre à fond. Je veux un lifting, des vêtements à la mode, il me faudra apprendre un peu d'anglais (je ne pense pas qu'il soit possible d'apprendre l'amerloque) et je partirai rejoindre l'amour de ma vie dans le pays d'Obama : l'aventure est à ma porte, ne me reste plus qu'à l'ouvrir pour la faire entrer : un, deux, trois...
Je vais boire un petit verre de Tuilet que j'ai acheté à Estagel et que j'aime tant : il est doux, ce vin, quand il coule dans la gorge. Maintenant je suis dans le fauteuil que m'a laissé ma grand-mère, les pieds sur une chaise, je veux me noyer dans mes rêves. Et pour commencerbil me faut aller voir le notaire. mais mon petit doigt me crie comme un fou :
-"Jeanne, d'abord il te faut enterrer l'oncle Vincent, aller au crématorium et inviter le village à boire un coup."
-"Tu as raison : Champagne pour tout le monde sur la terrasse de l'oncle Vincent ! Non, chez moi !"-"Des fois tu ne sembles pas être une femme d'ici : ce n'est pas du champagne qu'ils veulent boire tous : du pastis pour les hommes et du Muscat de Rivesaltes pour les femmes !"
-"Tu as toujours raison ! On va cfaire comme tu as dit. Et alors au travail, le monde m'appartient ! Et Rémy : à toi pour la vie !".
Et le Tuilet coule dans mon estomac.
Je n'ai qu'à aller voir sur l'ordinateur où est Baltimore, la baie du Cheasepeake - ça doit être difficile de prononcer ce nom - : Mappy, non ! Je n'ai qu'à cliquer sur États-Unis... chercher Maryland... Mais voici qu'on sonne à la porte. Qui cela peut-il bien être : le notaire, les cousins, un amoureux ou peut-être un voleur ? ...