Louis Dufréchou : un prisonnier béarnais en Allemagne [Article biographique]
Le fonds "La voix retrouvée des Poilus"
Le fonds "La voix retrouvée des Poilus" est aujourd’hui conservé au Lautarchiv de l’Université Humboldt de Berlin et a reçu le statut de Mémoire du monde par l’Unesco.
Ce programme d’enquêtes mené par la Königlich Preussische Phonographische Kommission (Commission phonographique royale prussienne), créé en 1915 et tenu secret durant tout le conflit, visait à l’enregistrement de la diversité linguistique et culturelle des soldats des armées alliées (250 langues et cultures).
Parmi les 200 documents enregistrés auprès des prisonniers de l’Armée française l’on recense environ 70 occitans : auvergnats, gascons de Béarn, de Bigorre et du Médoc ; languedociens, limousins, nissarts et provençaux.
Louis-Auguste Dufréchou
Louis-Auguste Dufréchou est né le 25 novembre 1889 à Pau (64) de Jean Dufréchou, charpentier de métier, et Anne Touret, mère au foyer.
Après l’obtention de son brevet d’instruction primaire, il s'oriente vers le métier de peintre publicitaire.
Il rejoint le corps militaire à l’âge de 21 ans le 5 octobre 1910 en tant que soldat de 2
ème classe et est enregistré sur la liste du canton de Pau. Le 30 septembre 1911, il est intégré au sein des soldats sapeurs, c’est à dire un régiment de militaires chargés de construire les souterrains au front, permettant de renverser les édifices ou les tranchées ennemies.
Le 2 août 1914, il répond à l’avis de mobilisation générale et le jour suivant il est confié aux armes au sein du 18
ème régiment d’infanterie.
Le 21 septembre 1914, le 18
ème régiment d’infanterie reçoit l’ordre de se rendre sur le Chemin des Dames au nord d’Oulches (02) pour s’opposer à l’avancée des Allemands dans cette zone du front. Après avoir repoussé avec succès cinq contre-attaques allemandes, le régiment doit battre en retraite. C’est au cours de cette manœuvre que Louis-Auguste Dufréchou disparaît et est emprisonné par les Allemands au camp de Niederzwehren dans le district de Kassel en Allemagne.
C’est durant son emprisonnement que la Commission phonographique royale prussienne enregistre son interprétation de trois chants en béarnais :
Beròja flor (“Belle fleur”),
Beròi chantur ("Beau Chanteur") et surtout le célèbre
Bèth Cèu de Pau ("Beau Ciel de Pau").
Louis-Auguste Dufréchou, au premier rang, 2e en partant de la droite.
Ce n’est qu’au sortir de la Première Guerre mondiale, le 2 janvier 1919, qu’il est enfin rapatrié en France.
Après la guerre, il se retire à Pau et se marie avec Marie Eulalie Labartette le 19 novembre 1920. Il est administrativement dispensé de toutes obligations militaires le 15 octobre 1938.
Louis-Auguste Dufréchou décède au domicile familial à Pau, en 1940, à l’âge de 51 ans.