Auteur | Mistral, Frédéric (1830-1914) | |
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Date d'édition | 1886-06-11 | |
Sujet | Lafagette, Raoul (1842-1913) -- Correspondance Mistral, Frédéric (1830-1914) -- Correspondance | |
Source | Mediatèca occitana, CIRDOC-Béziers, Ms 1148 | |
Période évoquée | 18.. | |
Type de document | Text manuscrit | |
Langue | oci | |
Format | image/jpeg 3 feuillets (4 p.) | |
Droits | Domaine public/Domeni public | |
Réutilisation | Licence ouverte | |
Permalien | http://occitanica.eu/omeka/items/show/3896 | |
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Originaire de l’Ariège, Raoul Lafagette est un homme de lettres très attaché à ses racines, en atteste sa bibliographie : Chants d’un montagnard (1869), Pics et vallées (1885), Symphonies pyrénéennes (1897). Il s'intéresse donc tout naturellement à la question régionaliste et par conséquent au Félibrige : La Renaissance romane (1890), Les visées du Félibrige (1896), et La Grande Lorraine (1908), pièce de théâtre historique. Il est l’ami d’un grand nombre de personnages importants de l’époque : Victor Hugo, Leconte de l'Isle, Émile Pouvillon, Alphonse Daudet, Frédéric Mistral, Auguste Fourès et Prosper Estieu. Ces nombreuses amitiés sont parfois abordées dans sa correspondance avec Frédéric Mistral.
La lettre du 11 juin 1886 met en avant plusieurs aspects intéressants de la vision de la poésie de Mistral mais est également fort représentative du type de rapport qu’entretiendront Frédéric Mistral et Raoul Lafagette. Ici, Mistral commence d’abord par féliciter Lafagette pour son Pics et vallées : “vos vers nerveux et colorés ne sauraient être mieux frappés, ni plus sonores”, mais bien vite leurs différences d’opinions politiques et poétiques surviennent : “la politique n’a rien à voir avec la poésie”. En effet, ces divergences d’opinions sur l’apport du politique dans le poétique reviendront souvent au sein de leur correspondance. On remarque également dans cette lettre l’opinion sur la langue à employer en poésie pour Mistral : “or la nature du midi ne chantera jamais, libre et naïve, que dans la langue qu’elle s’est faite. Une poésie arabe, une poésie indienne, m’en dira toujours plus sur l’Inde ou l’Arabie que les plus purs chefs-d’œuvres de Hugo ou de Leconte de l’Isle”. Mistral se veut en permanence recentré autour d’ambitions simples et réfute une nouvelle fois toute prétention politique qui pourrait lui être accordée : “Que vient-on nous parler révolution, évolution, et avatar etc! Est-ce que ça nous regarde, nous paysans et pâtres”. Enfin, cette lettre contient également une évocation intéressante d’Émile Zola : “mais Zola, le grand apôtre du réalisme, pousse inconsciemment la roue du Félibrige : car faire parler son monde comme dans la vie réelle, c’est la visée du naturalisme, et le Félibrige ne fait pas autre chose.” En effet, bien que Mistral soit retenu comme un auteur apparenté au romantisme, il est intéressant de voir qu’il ne manquait pas de se rapprocher d’un auteur naturaliste.